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Piloter et manager le travail de doctorat

Pouvez-vous vous présenter ainsi que nous parler de votre domaine de recherche ?

« THEDRE comprend un outil qui permet aux encadrants et aux doctorants de construire leur propre méthode de conduite de la recherche […] en 5 étapes. »

Depuis plus de 30 ans, mon activité professionnelle à l’INRA et au CNRS est consacrée à la production et à l’analyse de données expérimentales dans différentes disciplines. Ma formation en statistiques, en informatique puis en Sciences Humaines et Sociales m’a permis d’accompagner les doctorants sur les volets de production et d’analyse des données. Au fil du temps, j’ai aussi aidé les doctorants dans le déroulement global de leur thèse, de l’état de l’art à sa rédaction. Cette expérience professionnelle m’a offert la possibilité de proposer une méthode de conduite de la recherche ainsi que des guides pour faciliter le travail des doctorants et d’améliorer leur collaboration avec leurs encadrants. Grâce à cela, depuis 2015, je travaille pleinement sur la formalisation de la méthode de conduite de la recherche THEDRE.

La Méthode THEDRE est enseignée dans les écoles doctorales (Grenoble, Lille), dans des laboratoires (LIG, LIP6, LIUM, etc) et dans des conférences. La méthode THEDRE repose sur les concepts d’une démarche qualité et plus précisément d’amélioration continue. Dans le cas de recherches incluant l’humain pour créer des modèles ou des outils, elle intègre la démarche centrée utilisateur. THEDRE comprend un outil qui permet aux encadrants et aux doctorants de construire leur propre méthode de conduite de la recherche. Il est structuré de manière itérative en 5 étapes : Préparer et suivre le travail, Expérimenter, Analyser, Conclure et Communiquer (voir figure ci-contre). A cet outil sont associées 60 tâches (réaliser l’état de l’art, avoir une littérature de référence, vérifier la qualité des données, …). THEDRE est également composés de 20 guides pour accompagner et tracer leurs activités.


La formation "Méthode et outils pour piloter et manager le travail de doctorat" est pour la première fois au catalogue de CNRS Formation Entreprises. Pourquoi avez-vous choisi de la proposer à des publics extérieurs au CNRS ?

« L’objectif est de présenter une méthode pour construire une démarche de recherche avec les doctorants et de garantir la traçabilité des travaux effectués. »

Dans le cadre d’une CIFRE par exemple, les encadrants peuvent venir du secteur privé et ce n’est pas forcément inné pour un industriel d’encadrer un thésard. C’est pourquoi, je leur propose également d’utiliser la méthode THEDRE avec ma formation « Méthode et outils pour piloter et manager le travail de doctorat en financement CIFRE ou autres ».

L’objectif est de présenter une méthode pour construire une démarche de recherche avec les doctorants et de garantir la traçabilité des travaux effectués. Cette méthode repose sur un processus global, des indicateurs de suivis et des guides pour aider les encadrants et les doctorants à communiquer et collaborer. Chacune des étapes de la formation alterne théorie, ateliers et échanges.

Cette formation se déroule sur une journée. La première demi-journée est consacrée à l’analyse de la méthode et du pilotage au travers d’un atelier demandant aux participants de décrire le type de travail de thèse qu’ils encadrent. Nous abordons lors de cet échange l’épistémologie de la recherche puis nous mettons en avant des solutions pour construire sa méthode de conduite de la recherche. Nous apportons aux stagiaires un panel d’indicateurs de suivi d’un travail de thèse afin de leur permettre « d’avoir une vision globale du déroulé de la thèse ».
La deuxième demi-journée met en avant des guides pour accompagner le travail du doctorant. Nous traitons successivement « 4 guides » permettant dans un premier temps de « Bien commencer un travail de thèse et rédiger une problématique » pour pouvoir « organiser un travail sur l’état de l’art académique et technique » et « rédiger un protocole expérimental et scénarisation » pour enfin aboutir sur les méthodes permettant de « rédiger un article scientifique ».


A qui est destinée cette formation et quelles compétences apporte-t-elle aux apprenants ?

« La présence conjointe des encadrants et des doctorants est intéressante car elle permet de cadrer la collaboration qui aura lieu tout au long de la thèse et d’identifier les points délicats. »

La formation s’adresse aux encadrants de thèse issus d’une entreprise ou d’une université et à leurs doctorants. La présence conjointe des encadrants et des doctorants est intéressante car elle permet de cadrer la collaboration qui aura lieu tout au long de la thèse et d’identifier les points délicats.


Avez-vous un exemple marquant de retour d’expérience d’un apprenant ayant suivi votre formation ?

« Nous avons eu des retours de doctorants comme « c’est la meilleure formation que j’ai eu pendant mon cursus de thèse » ou encore « si seulement j’avais eu ce document en début de thèse. »

Cette formation a déjà été réalisée auprès d’universités à plusieurs reprises.
Pendant celle-ci, nous conduisons des enquêtes pour étudier l’utilisabilité et le degré de satisfaction des participants vis à vis des concepts et des guides proposés. Les résultats sont très positifs et nous avons de nombreuses pistes pour faire évoluer la méthode.

Deux mois après la formation, nous avons interrogé les doctorants et les encadrants pour connaître leur avis sur la méthode et ses outils. Par exemple, deux doctorantes en 1ère année qui travaillaient en binôme lors d’une formation « ne savaient pas qu’il y avait tout cela à faire » ! Un doctorant satisfait qui était en co-encadrement France/Côte-d’Ivoire a ensuite formé les doctorants de son laboratoire en Côte-d’Ivoire à la méthode. Nous avons eu d’autres retours de doctorants comme « c’est la meilleure formation que j’ai eu pendant mon cursus de thèse » ou encore « si seulement j’avais eu ce document en début de thèse » mais aussi d’un encadrant qui nous a écrit : « J'ai trouvé la formation très intéressante aussi d'un point de vue humain. Je trouve qu'elle a positivement changé ma relation avec mon doctorant. »



Un article rédigé par Nadine MANDRAN, ingénieure de recherche, Pôle d'Ingénierie Multidisciplinaire du LIG (PIMLIG), UMR 5217 du CNRS.


Crédit photo : Nadine MANDRAN "manage and trace your PHD work”. LIG, University Grenoble Alpes, 2020.